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Première rencontre avec l’Apple Macintosh

1987 : Les couloirs du collège Ste Marie Fénelon.

Des dalles blanches et noires à perte de vue dans le bâtiment construit en 1877.
Des portes en bois. Lourdes, grinçantes, imposantes. Parfois inquiétantes.

Ambiance…

Inquitétante comme celle de Monsieur J, le principal. Mais là, c’est différent. A côté de cette porte, une salle en friche vient d’être rénovée.
Une salle qui était auparavant destinée à stocker le matériel d’entretien, une salle toujours fermée.

L’administration pénitentiaire L’établissement nous a crée une nouvelle matière pour l’année scolaire 87-88, et ça se passe dans cette salle.

Informatique.
La salle d’informatique.
Un petit Graal.

La porte est entre-ouverte. Je me faufile, histoire de satisfaire ma curiosité, je suis juste venu voir à quoi cette salle ressemble.

Un gars à lunettes est en train de bricoler sous un bureau. Le mobilier est neuf et contraste avec le vieux parquet.
Ca sent la peinture fraîche. Et autre chose.
Sur la droite des cartons.
Des pommes dessus, imprimées, en couleur, partout.

Le gars se relève et me demande ce que je fais là. Je lui explique que je suis curieux et que ces machines m’attirent. il commence à me décrire les engins.

Ce sont des Apple IIc, il y en a 4. Là-bas ce sont deux IBM PC. Et puis dans ces cartons, il y a 2 Macintosh.

J’encaisse la nouvelle comme je peux.
Déjà, des Apple IIC et des IBM PC… c’est impressionnant.
« 2 Macintosh. »
Et le gars me dit ça comme ça.
Il doit y en avoir pour 100.000 francs de matériel, ou plus, rien qu’avec ces deux ordinateurs.

Et c’est parti pour mon tout premier unboxing de Macintosh.

Tout est beau. C’est made in Cuppertino. Ca sent le Mac neuf.
Polystyrène moulé sur les courbes du bébé.
Et des accessoires, une « souris », un disque dur d’une capacité infinie (20 MO !!!!!!!! truc de dingue), des disquettes, de bouquins.

On déballe, on découvre, on décolle, on dégage, on déroule, on branche, on galère de multiprise, on en trouve, on branche encore, on arrange, on déplie, on aligne, on branche encore, on tire, on cherche deux chaises, on cherche le bouton on, ça mache pas, on regarde le bouquin, on appuie sur un bouton du clavier et on entend un ventilateur et un son.

Un petit ordinateur apparaît sur le moniteur.
Il a l’air KO.
Le gars sort une disquette, l’introduit dans le lecteur.
Bzz, bzzz, l’ordinateur sourit.
Il a l’air OK.
C’est comme à la télé.
C’est mieux que dans les magazines.

C’est du live : le Macintosh 128K boote.

Je pige tout de suite la souris, j’en ai déjà essayé.
Je bouge le curseur, je clique sur la pomme, à propos…
Système 5.1, signé par Bruce Horn et Steve Capps.
Je me dis – à tort – que Steve Capps est le nom de scène de Steve Jobs.

Et puis d’un coup, c’est la panique.

Ca fait deux heures que je suis là. Je suis censé être en classe.

Le gars comprends et me tend un mot d’excuse à faire valoir à mon enseignant.
Celui que j’avais pris pour un technicien était en fait mon futur prof d’informatique, Monsieur B.

Il nous apprendra bien vite à créer un programme de distributeur automatique de billet, à écrire et interroger une base de données et à faire un programme qui inverse l’ordre des lettres de nos noms.

Ainsi, dans un élan de joie incroyable, et sans savoir vraiment à quoi cela allait pouvoir nous servir, nous pratiquâmes le Turbo-Pascal durant deux ans, sur Mac.

EVA DRACHUOB ! (very private joke)

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